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Tout le monde

Description du projet

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Portraits d’un voyage est un projet qui consiste à vous présenter les hommes et les femmes qui nous auront marqués pendant ce voyage. Ce projet sera réalisé sous trois formes différentes :

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  • Des portraits courts de personnes originales (pour nous), publiés sur notre blog relativement fréquemment pendant le voyage.

  • Plusieurs séries de vidéos de quelques minutes, portant sur différents thèmes tels que le bonheur ou la liberté, afin de confronter nos idées et notre culture à celle des gens que nous interrogerons.

  • La dernière brique des Portraits d’un voyage sera de confectionner un ouvrage recensant des portraits plus longs et approfondis, réalisés sur des personnes remarquables, avec qui nous auront pu converser sérieusement. Nous ajouterons à ces portraits, nos impressions, des bribes de notre aventure et nos plus belles photos.

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Vous pourrez lire ici les portraits succins mais travaillés des habitants (ou voyageurs) que nous croiserons. Nous voulons écrire ces portraits pour mettre en avant les personnes qui coloreront notre parcours et partageront notre quotidien. Nous voulons que les rencontres et les échanges culturels soient au centre de notre aventure et nous souhaitons vous les faire partager.

Tout le monde

Carl & Tess

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    Nous avons rencontré Carl et Tess alors que nous admirions la descente du soleil sur le lac de Bled en Slovénie, une de leurs étapes pendant leur tour d’Europe à vélo.

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  • Could you take a picture of us ? demandais-je.

  • Of course, where are you from? Répondit Carl.

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    Carl et Tess sont deux amoureux du voyage. Quand nous les avons rencontrés, ils traversaient la Slovénie en vélo afin de rejoindre les Dolomites italiennes. Ils avaient déjà effectué un voyage similaire en France, après avoir tous les deux quittés leur travail. Nous leur avons bien évidemment parlé de notre projet de tour du monde et ils nous ont instantanément proposé de nous accueillir à Sydney.

    Profitant de leur expérience, je leur demandais comment c’était, psychologiquement et financièrement, de voyager si longtemps sans assurance de retrouver un travail. Ils me répondirent sans hésitation :

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  • Don’t think about money, go ahead, you’ll understand what really matters.

Ελενη - Eleni

 

    Nous avons rencontré Eleni lors d’un séjour en Crête, à Héraklion. Elle était notre dernière hôte avant de rentrer en France. Elle nous a accueilli très chaleureusement en nous faisant visiter la ville et s’est montré très attentionnée quand nous sommes arrivés chez elle.

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    Nous avons beaucoup discuté avec Eleni et nous lui avons demandé ce dont elle rêvait. Elle nous dit qu'elle souhaiterais avoir plus de temps, pas du temps qu’elle pourrait se consacrer, mais du temps pour aider les autres, ceux qui en ont besoin, bénévolement. Par exemple, participer à des actions de médecins sans frontières ou collaborer avec des hôpitaux ou des orphelinats lui plairait énormément. Elle aimerait aussi créer son propre refuge pour animaux abandonnés où elle pourrait leur prodiguer tous les soins nécessaires.

    Selon Eleni, le bonheur nécessite d'être complet et équilibré pour pouvoir aider du mieux que l’on peut ses semblables, tout en causant le moins de tort possible aux gens.


Une idée noble pour une personne pleine de bonté… Merci Eleni.

Employé d'aéroport à New Delhi​

 

       Je n’arrive pas à trouver le sommeil à l’aéroport de New Delhi, il est 3h du matin. Je vais aux toilettes me laver le visage, et en sortant j’aperçois un employé dans un coin de la pièce. Pourquoi ne pas faire le premier entretien avec lui ? Je retourne chercher mon appareil photo et je lui demande :

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  • Travailles-tu ici toute la nuit ?

  • Oui, de 10pm à 7am, sans dormir, ni pause.

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J’essaie d’expliquer notre projet mais la barrière du langage apparaît bien vite. Je demande l’aide de deux autres indiens qui parlent anglais. Ils m’expliquent que mon interlocuteur nettoie les WC toute la nuit. Ça change un peu de nos 35 heures non ? De quoi faire s’insurger n’importe quel syndicat, à raison d’ailleurs. Je remercie mes traducteurs et échange quelques sourires avec l’employé. Parfois, ils valent autant que les mots.

Rajan

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        Quand on est descendu à l’aéroport de Tribhuvan, Rajan nous attendait avec sa pancarte « Happy Nepal Trek » et sa bienveillance népalaise. Et depuis deux jours il s’occupe de nous.

Rajan est guide depuis 1998, il avait 19 ans à l’époque. Il aime le métier qu’il fait et ça se sent. Pourtant quand on lui demande s’il aimerait que son fils devienne guide à son tour, il répond sans hésiter :

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  • Non, c’est trop de problèmes. Je voudrais qu’il fasse des études et travaille dans les affaires.

 

Avec nous, Rajan se comporte comme il le ferait avec des amis, nous invitant même à manger chez lui. Pourrais-je cuisiner 1h30 pour quelqu’un que je viens juste de rencontrer ? L’ai-je déjà fait ?

Mais Rajan c’est bien plus que ça.

Rajan c’est un homme qui un jour a acheté de quoi faire des paniers repas pour 100 personnes et qui en a fait don à un hospice pour personnes âgés SDF. Les gens l’ont tellement remercié, lui pour qui ce geste était naturel, qu’il a été marqué par l’expérience. Et quand on lui demande ce qu’il ferait s’il pouvait tout faire du jour au lendemain, du tac-au-tac, il nous répond qu’il aimerait travailler dans le social auprès de ce genre de personnes.

Voilà qui est Rajan Prasad Dhamala.

Pongba (James)

 

     Je rencontre ce jeune homme dans la rue alors que je me balade dans Katmandou, hors de Thamel. Il me salue et se joint à moi dans mes errances, il m’explique que son enseignant lui a demandé de questionner les étrangers sur leur vision du Népal. Il s’ensuit un échange très intéressant car, grâce au film en anglais et à son apprentissage studieux de la langue, il parle bien anglais.

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  • Que fais-tu dans la vie ? lui demandais-je.

  • Je rentre en dernier année de lycée et je voudrais devenir boxeur professionnel.

  • Ah bon, il y a des compétitions de boxe au Népal ?

  • Non pas trop, je veux aller aux Etats Unis pour boxer, ma sœur est déjà là-bas et pourrait m’aider à m’installer.

 

Il me questionne beaucoup sur la France, le prix des choses et ce que je fais dans la vie. J’en viens à dire que je sais jouer de la guitare et dans l’instant il va chercher une guitare chez lui et m’invite à en jouer. Il appelle ses amis qui, eux aussi jouent de la guitare et nous passons un agréable moment tous ensemble.

La simplicité déroutante d’une rencontre imprévue.

Urmila

 

     Quand on a rencontré Urmila, on était éreinté. Réveil à 4h45 et plus de 10 km de marches d’escalier à descendre pour atteindre le village d’Hile. On arrive, on lâche nos sacs et on s’enfonce lourdement dans nos chaises. Et la Urmila débarque avec un « Bonjour, comment ça va ? » – qu’on devine retenu à force de répétition – et sa fraîcheur fait du bien !

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Urmila Serchan, 26 ans est propriétaire du lodge où on dort. Cela pourrait lui suffire pour vivre, mais ici, on vit en famille, on veille les uns sur les autres. Alors ça ne suffit pas pour toute sa famille qui vit ce soir sous le même toit que nous.

 

Urmila aurait pu choisir une autre vie. Six ans d’études ont fait d’elle un professeur de grammaire népalaise – qui ne semble rien avoir à envier à sa consœur française en termes de complexité – qui pourrait travailler à Pokhara, 2ème ville du Népal. Mais elle en a décidé autrement. Sa vie actuelle est probablement plus dure – debout de 6h à 22h à s’occuper de tout, toute seule, de touristes comme nous, 7j/7, sans pause ni vacances – mais c’est celle qu’elle a choisi. Ici l’air est pur, la vue est belle, la vie est calme et s’écoule sans bruit. Et elle considère qu’elle apprend plus au contact des touristes qu’en enseignant, ce sur quoi elle n’a pas totalement tiré un trait, sa nièce (au moins) comptant sur elle.

Oyan

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        C’est à l’occasion de mon passage dans la belle ville d’Ubud que j’assiste à une danse traditionnelle balinaise. La scène se déroule de nuit dans l’enceinte d’un temple hindouiste, à la lueur de bougies. Les danseurs amoncellent au centre de la place des noix de cocos auxquelles ils mettent le feu. C’est là qu’Oyan intervient. Déguisé en dragon, il marche et tape dans le brasier enflammé faisant voler des éclats rougeoyant tout autour de lui. A la fin de sa représentation je lui demande :

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  • Ne ressentez-vous pas la douleur monsieur ?

  • Non, je médite depuis longtemps pour ne plus la sentir.

  • Depuis combien de temps être vous marcheur de feu ?

  • Dix ans, deux fois par semaine.

 

Il est tout sourire et s’amuse de voir les spectateurs stupéfaits devant ses pieds noirs de cendres. C’est une sacrée démonstration du pouvoir de l’esprit sur le corps à laquelle je fus heureux d’assister.

Adi

 

      Au début j’ai commencé à écrire un portrait classique d’Adi et je me serais contenté de ce que j’aurais raconté. Puis Adi, autour d’un poisson grillé, s’est confié à Quentin et moi, les larmes aux yeux. Adi a été l’organisateur de notre traversée et pendant 4 jours et 4 nuits, il a veillé sur nous, sourire aux lèvres mais sa vie n’a pas été toujours été aussi belle. Adi, aujourd’hui 28 ans, n’était qu’un adolescent à l’époque. Il avait arrêté l’école et était, depuis 6 mois, à la rue, dormant sous une table. Il passait ses journées, affamé, à regarder passer les voitures et les gens, impassible. Un jour, un touriste allemand descend d’un taxi lourdement chargé. Adi l’a senti à ce moment-là, cette petite voix de la vie qui murmure « Je t’offre une seule chance, saisit là ! » et il s’est levé et a prononcé ces mots :

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  • Sir, can I help you ?

 

Il lui a ensuite porté ses bagages jusqu’à un hôtel que le touriste lui avait laissé le soin de choisir. Puis Adi, pendant 1 mois, est revenu chaque matin pour prendre soin de cet homme, lui faisant visiter l’île, lui organisant ses journées. Puis au bout d’un mois, l’homme dit à Adi « Je suis là pour affaire, je veux monter un business. Adi, il me faut une idée ». Au bout de 30 min d’intenses réflexions, pendant lesquelles Adi donne tout, il sait que sa chance est là, il retourne vers l’homme et lui dit :

 

  • On va vous ouvrir un magasin de vestes en cuir ! Il n’en existe qu’un autre ici. 

 

L’allemand fait confiance à Adi, lui confie une somme d’argent colossale et la responsabilité de trouver un fournisseur, un local et tout ce qu’il faut. Adi engage alors son meilleur ami, qui vit sur une autre île où l’on trouve plus facilement du cuir pour travailler avec lui.

L’affaire est lancée, marche à fond et permet à Adi de sortir de la rue et de vivre aisément. Sa vie change alors complètement. Deux ans, plus tard, du jour au lendemain, il arrête tout. Des tensions entre lui et son meilleur ami ont commencé à apparaître. Accordant plus de valeur à leur amitié, Adi et son ami abandonnent l’affaire.

Depuis une dizaine d’années maintenant, Adi travaille sur des bateaux dont il est amoureux. Et cette page est tournée.

Peut-être est-ce parce qu’il a vécu des choses très dures, très jeune et qu’il s’en est sorti qu’Adi arbore l’un des plus grands sourires qu’il m’ait été donné de voir. Et peut-être est-ce aussi pour ça qu’il nous a répété en boucle pendant 4 jours :

 

  • Keep smiling ! Keep smiling ! Oh I love it !

Nita

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        Alors que nous nous apprêtions à rentrer à l'hôtel après avoir mangé au Night Market de Battambang, je craque mentalement pour aller déguster une glace.

Se présente alors devant nous une jeune fille de 13 ans tout sourire derrière sa glacière au bord de la route, qui nous demande si on est français. On répond oui et on lui demande comment elle l'a deviné. Elle nous dit alors qu'elle a choisi d'apprendre le français en plus de l'anglais dans deux écoles différentes. D'ailleurs son anglais est parfait, peu d'accent et aucune hésitation dans les réponses. Elle connait bon nombre de villes françaises et nous parle même des châteaux et vins de Bordeaux. On reste ébahis devant la maturité de son propos.

Elle rêve comme nous de faire un tour du monde même si elle pense que cela va être compliqué. Ses bonnes notes lui permettront peut-être d'aller étudier la médecine en Australie. Elle envisage de devenir docteur avec comme digne envie de « sauver des vies ». Nous lui demandons alors de croire en ses rêves et de ne pas abandonner ses jolis projets.

Sokha

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     Lors d’une après-midi tranquille dans Siem Reap, nous cherchions un endroit calme pour nous reposer. Les pagodes sont des lieux parfaits, aérés et éloignés de la circulation et des bruits de la rue. C’est là que s’organise la vie sociale des moines bouddhistes, dont celle de Sokha que nous avons rencontré. Le visage souriant, il s’exprime dans un bon anglais et répond à nos questions sur la vie de moine et sur sa vie personnelle.

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  •  Depuis quand es-tu moine ?

  • J’avais dix ans. Vous savez, au Cambodge, quand les familles sont pauvres et que les parents se séparent et n’ont pas assez d’argent pour l’éducation de leurs enfants, certains de leurs enfants deviennent moines.

  • Pourquoi apprends-tu l’anglais ? demandons-nous voyant qu’il tient dans sa main un dictionnaire anglais/khmer.

  • Au Cambodge, si tu ne parles pas anglais c’est dur de trouver un travail. De plus j’aimerais devenir avocat, c’est mon rêve, nous dit-il avec conviction.

  • Alors tu ne comptes pas être moine toute ta vie ? demandons-nous interloqués.

  • Non, dès que tu veux quitter l’ordre des moines, tu peux. J’aime mon pays et je veux pouvoir le défendre contre les mauvaises personnes qui exploitent ses richesses et son peuple.

 

Il nous quitte d’un geste lointain car les moines ne peuvent pas toucher d’autres personnes qui ne sont pas moines. Une belle rencontre inattendue.

Cameron's family

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        En arrivant au petit village de Murchison, nous cherchions un jardin propice pour planter notre tente et, alors que nous étions sur la pas d’une maison, nous entendons un :

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  • Hey boys, are you ok ? 

 

Nous nous retournons, Cameron et sa femme promenant la petite Franky nous regardent.

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  • We’re looking for a place to pitch the tent. Répond Kévin

  • Okay, come with us.

 

Il nous offrira de dormir dans un bus aménagé et de nous servir dans son potager, quelle générosité alors que nous nous connaissons à peine. Nous restons trois jours tellement le contact passe bien, il nous cuisine des burgers et nous des crêpes, nous l’aidons aussi à réorganiser sa réserve de bois pour l’hivers.

Cameron et sa famille vivent au bord d’une rivière. Il est guide de rafting et pendant la saison basse, il fait son propre miel, cultive ses fruits et ses légumes. Il échange ensuite ce surplus de produits avec leurs voisins qui font autre chose. Cette façon de vivre et d’être en relation avec les habitants de son village font de Murchison un petit paradis où les gens se connaissent et s’apprécient. Il a la tête pleine de rêves et petit à petit, il travaille à les réaliser. Nous avons trouvé beaucoup de joie, d’authenticité et de simplicité chez cette famille qui nous a une fois fait la démonstration d’un bonheur sain et naturel.

Pasang Sherpa


    Difficile de décrire Pasang. C'est une personne timide et souvent en retrait. Il fût notre porteur pour le trek et c'est une force de la nature à n'en pas douter ! Très gentil, serviable et toujours prêt à rire avec Jangbu, c'est un sacré personnage.

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Un grand enfant, père de trois enfants.

 

Nous n'avons pas souvent été en interaction avec lui, à part lors de parties de Jutpathi où il aimait nous imiter avec des "Olala !", lors de simples "Ca va ?", "Bon appétit !" ou avec de simples sourires.

Il ne sait ni lire ni écrire et souhaite que ses enfants reçoivent une bonne éducation et ne deviennent pas porteurs comme lui.

Ani Chhorten

     A Manang, nous avons rendu visite à cette moine bouddhiste (lama) qui vit isolée dans un petit temple construit dans ma falaise à 3900m d'altitude. Elle nous bénit pour la suite de notre voyage et nous offre le thé. A cette occasion, nous lui posons de nombreuses questions sur sa vie. Sa journée commence à 4h du matin par 2h de méditation. Ensuite, elle s'occupe de son potager et des touristes qui viennent lui rendre visite. Un aspect étonnant de sa vie est qu'elle a passé trois ans et huit mois dans une grotte pour méditer, sans parler à personne. Pendant cette période elle a appris à quel Age elle allait mourir. D'ailleurs, elle a quitté cette grotte pour succéder à son défunt père Tachi lama. Ce dernier aussi avait prédit l'année de sa mort et même le jour précis lorsqu'il tomba malade, assez incroyable. Nous lui demandons :

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  • Pourquoi avez-vous choisi cette vie plutôt qu'une autre ?

  • Car en vivant cette vie j'évite toutes formes de colères, de conflits ou de jalousie qui m'empêcheraient de rejoindre le paradis.

  • ​

Cette rencontre nous donna à chacun matière à réfléchir...

Jangbu Sherpa

 

     Voici notre précieux guide souriant qui nous a fait découvrir les Annapurnas. Etre guide au Népal, ce n’est pas seulement présenter les montagnes et leurs vertigineux sommets. Il négocie les places dans les bus, les chambres des lodges et même les repas.

 

Pendant la saison, Jangbu est loin de chez lui et arpente les montagnes pendant des mois, souvent à plus de 4000m d’altitude. Grâce à un français qui l’a aidé, alors qu’il était porteur à l’époque, Jangbu a appris le français et le parle bien.

 

Il ne paie pas de mine mais c’est un infatigable marcheur et nous lui sommes en partie redevable pour notre expérience au Népal.

Son rêve est de gravir l’Everest comme son ancêtre Tensing Norgay Sherpa et il essaiera sous peu.

Riski

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   L’ambiance vivante et sincère du « warung » (comprendre boui-boui) où nous mangeons un excellent tempeh et l’accueil que nous ont fait les gens qui y travaillent, nous a encouragé à faire ce portrait. Une jeune mère qui parle anglais nous confirme que cette interview ne pose pas de problème à Riski, la jeune femme de 29 ans. Cependant pendant l’interview, elle ne nous regardera quasiment pas et nous la sentons un peu gênée, intimidée comme si elle avait accepté à contre-cœur, sans que cela ne devienne trop gênant à un moment donné car elle rigole généreusement avec ses collègues.

Quand on la questionne sur sa gêne, on apprend que c’est à la fois parce qu’elle n’a jamais parlé à des non-indonésiens et parce qu’elle est mal-à-l’aise de ne pas pouvoir parler anglais avec nous.

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Riski travaille 7h par jours dans ce warung, à cuisiner pour des hommes et des femmes qui passent souvent en coup de vent, de 17h à minuit. Mais elle cumule un deuxième emploi dans un bureau du gouvernement car un seul travail ne lui permettrait pas de vivre.

Quand on parle de ses préférences, même si elle avoue préférer l’ambiance familiale, bruyante et mouvementée du warung, elle répond que c’est son travail au bureau qu’elle privilégie car ce travail lui confère de nombreux avantages comme une assurance.

Voilà une personne qui est à l’image de l’Indonésie, quotidiennement affairée mais toujours souriante.

Kadek

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        C’est une rencontre un peu hasardeuse que j’ai faite là. A Ubud, je me baladais dans un temple, un peu par hasard, dépourvu de visiteurs quand je tombais sur une répétition de danse balinaise. Je restais un moment les observer et quand ils eurent fini je visitais le temple. C’est à cette occasion que je rencontrais Kadek, un très jeune danseur :

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  • Votre représentation est géniale ! dis-je.

  • Oui nous répétons pour une compétition qui aura lieu à Dempasar.

 

En discutant un peu, il m’apprend qu’à Bali il n’existe traditionnellement que quatre noms pour les garçons (Kadek est le nom donné au deuxième fils). S’il y a plus de quatre fils, on recommence la boucle en rajoutant Bali à la fin du nom. Ils étaient, avec son ami, très souriant et amicaux.

Himal

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        Himal est né et vit à Komodo Island. Il vend tous les jours de l’année sur Pink Beach des colliers de perles et des dragons de Komodo en bois. Il réalise lui-même les dragons pour lesquels il a besoin de 4 jours de travail pour en faire un. Il a appris à sculpter le bois sur Lombok et Bali en regardant et en reproduisant les mêmes gestes que ceux qu’il observait. De temps en temps il va à Labuan Bajo, sur l’ile de Flores, acheter de l’hibiscus pour les tailler. Le gouvernement contrôle dorénavant l’abattage d’hibiscus alors il se fait plus rare d’en avoir. Sa vie est simple et lui plaît. Son approche n’a pas été celle d’un vendeur mais celle d’une personne qui semblait vouloir discuter. Nous avons échangé jonglant entre l’anglais et l’indo pendant plus d’une heure entre rires et sourires, en toute simplicité.

Made

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        C’est lors de notre excursion de quatre jours dans le nord-ouest de Bali que nous rencontrons Made. Dans son petit village, au milieu des montagnes et de la jungle, nous nous arrêtons par hasard car aucun guide ne nous a fait mention de Goblek. Alors que nous nous baladons à la recherche d’un petit-déjeuner, elle nous interpelle avec le sourire et nous invite chez elle. Alors qu’elle nous amène un thé et des gâteaux, toute sa famille débarque pour nous voir, armée de sourires amicaux. Elle nous raconte succinctement sa vie, elle qui travaillait dans un restaurant a Lovina jusqu’à ce que son mari décède et qu’elle tombe gravement malade. Depuis elle s’occupe de son neveu Danil, 1 an, et des autres enfants de la famille qui vivent tous dans des maisons mitoyennes. D’ailleurs cette communauté familiale travaille la même parcelle de terre et récolte les clous de girofle que nous voyons sécher sur le toit.

Depuis notre arrivée à Bali, une question nous pendait à la langue alors nous la posons a Made :

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  • Pourquoi les indonésiens sont-ils tous si gentils et souriants ?

  • Parce que c’est bon pour nous et pour vous, répond-elle en riant.

 

Il nous semble que ce comportement est la base logique que devrait adopter toute entité sociale, et que Made et les balinais ont naturellement compris.

Karima

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     Le garage de Tripoli est, apparemment, le seul endroit où louer des scooters à Banyuwangi. Dur à croire au pied du Mont Ijen mais nous y allons. Une femme est accoudée au comptoir et c'est à elle que nous demandons à louer une de ses machines. Son visage se ferme dans l'ombre de son voile marron quand elle comprend que nous n'avons rien à laisser en caution. Ben part alors à l'hôtel chercher mon ID, avec le scooter, pendant que je sers de garantie. J'essaye d'engager la conversation et ça marche bien plus facilement que son regard ne me le laissait supposer.

 

On en vient à parler de notre trek au Népal et la femme m'avoue, avec maintenant un visage tout à fait amical, adorer marcher en montagne. Je lui demande alors des conseils sur le Mont Ijen. À ma grande surprise, elle n'est jamais allée sur ce volcan auquel sa ville est adossé.  Ni au Rinjani, ni même au Bromo. Je lui demande alors pourquoi ça ?! Ils sont pourtant à sa portée. La réponse heurte un peu le mur de mes certitudes :

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  • Je n'ai pas l'autorisation de mon mari.

 

Et elle dit ça sourire aux lèvres. C'est la vie. Elle est résignée et accepte sereinement la vie qu'elle a. Pourtant, mère de 3 jeunes enfants, à 38 ans, elle dispose d'un diplôme en économie et gestion et est de ce fait éduquée. Elle m'apprend aussi qu'elle travaille au garage de son mari parce qu'elle n'a pas sa permission de travailler.

Dire que c'est elle qui, la première (peut-être même la seule ici) a eu l'idée de louer des scooters aux touristes.

Hook

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          Petit homme souriant que nous rencontrons au village de   sur le plateau des bolovens. Il nous aborde en fumant dans une pipe a tabac en bamboo. C'est lui qui nous fera visiter son village et il nous épate par ses connaissances et sa maîtrise de l'anglais. Son village est très attaché a sa culture, les hommes sont polygames, les filles son mariées a 7 ans et les femmes accouchent dans la forêt. les enfants commencent a fumer a 3 ans pour chasser le mauvais esprit. Bref nous lui demandons comment il peut connaître tant de choses en vivant dans cet environnement.


- Quand j'étais petit, j'étais faignant et je ne voulais pas travailler aux champs. Le gouvernement laotien m'a payé des études et je suis resté en ville pendant 10 ans.
- N'était-ce pas difficile de revenir vivre ici?
- Oui, ça a été compliqué. Les villageois n'aime pas qu'on quitte le village, j'ai été mal vu.
- Comment fais-tu pour continuer à partager la vie de ces gens aux croyances complétements différentes de celles qu'on t'as appris a l'école?
- Vous savez, les gens ici refusent de croire que la Terre est ronde et qu'elle tourne autour du soleil. Ils croient même qu'elle est verte car ils n'ont jamais vu l'océan.
- Essaies-tu de partager ton savoir avec eux?
- Oui j'ai essayé mais même ma famille ne me croit pas. Ils sont si têtus et peu éduqués que j'ai arrêté, en plus je suis encore plus mal vu a cause de ca. Ils ne croient que ce que dit le chaman ou la voyante qui interprètent les rêves qui sont, pour les gens de mon village, des visions du futur.

 

Malgré un manque criant d'éducation, les connaissances de la faune et de la flore locale permettent à cette ethnie de se soigner sans médicament, de se vêtir sans matière synthétique et bâtir sans acier ou béton. A des siecles de l'évolution mais pas ignorants, les populations du Nord ont beaucoup a apprendre de ces gens là. 

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