
Népal

Rajan
Quand on est descendu à l’aéroport de Tribhuvan, Rajan nous attendait avec sa pancarte « Happy Nepal Trek » et sa bienveillance népalaise. Et depuis deux jours il s’occupe de nous.
Rajan est guide depuis 1998, il avait 19 ans à l’époque. Il aime le métier qu’il fait et ça se sent. Pourtant quand on lui demande s’il aimerait que son fils devienne guide à son tour, il répond sans hésiter :
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Non, c’est trop de problèmes. Je voudrais qu’il fasse des études et travaille dans les affaires.
Avec nous, Rajan se comporte comme il le ferait avec des amis, nous invitant même à manger chez lui. Pourrais-je cuisiner 1h30 pour quelqu’un que je viens juste de rencontrer ? L’ai-je déjà fait ?
Mais Rajan c’est bien plus que ça.
Rajan c’est un homme qui un jour a acheté de quoi faire des paniers repas pour 100 personnes et qui en a fait don à un hospice pour personnes âgés SDF. Les gens l’ont tellement remercié, lui pour qui ce geste était naturel, qu’il a été marqué par l’expérience. Et quand on lui demande ce qu’il ferait s’il pouvait tout faire du jour au lendemain, du tac-au-tac, il nous répond qu’il aimerait travailler dans le social auprès de ce genre de personnes.
Voilà qui est Rajan Prasad Dhamala.

Urmila
Quand on a rencontré Urmila, on était éreinté. Réveil à 4h45 et plus de 10 km de marches d’escalier à descendre pour atteindre le village d’Hile. On arrive, on lâche nos sacs et on s’enfonce lourdement dans nos chaises. Et la Urmila débarque avec un « Bonjour, comment ça va ? » – qu’on devine retenu à force de répétition – et sa fraîcheur fait du bien !
Urmila Serchan, 26 ans est propriétaire du lodge où on dort. Cela pourrait lui suffire pour vivre, mais ici, on vit en famille, on veille les uns sur les autres. Alors ça ne suffit pas pour toute sa famille qui vit ce soir sous le même toit que nous.
Urmila aurait pu choisir une autre vie. Six ans d’études ont fait d’elle un professeur de grammaire népalaise – qui ne semble rien avoir à envier à sa consœur française en termes de complexité – qui pourrait travailler à Pokhara, 2ème ville du Népal. Mais elle en a décidé autrement. Sa vie actuelle est probablement plus dure – debout de 6h à 22h à s’occuper de tout, toute seule, de touristes comme nous, 7j/7, sans pause ni vacances – mais c’est celle qu’elle a choisi. Ici l’air est pur, la vue est belle, la vie est calme et s’écoule sans bruit. Et elle considère qu’elle apprend plus au contact des touristes qu’en enseignant, ce sur quoi elle n’a pas totalement tiré un trait, sa nièce (au moins) comptant sur elle.

Ani Chhorten
A Manang, nous avons rendu visite à cette moine bouddhiste (lama) qui vit isolée dans un petit temple construit dans ma falaise à 3900m d'altitude. Elle nous bénit pour la suite de notre voyage et nous offre le thé. A cette occasion, nous lui posons de nombreuses questions sur sa vie. Sa journée commence à 4h du matin par 2h de méditation. Ensuite, elle s'occupe de son potager et des touristes qui viennent lui rendre visite. Un aspect étonnant de sa vie est qu'elle a passé trois ans et huit mois dans une grotte pour méditer, sans parler à personne. Pendant cette période elle a appris à quel Age elle allait mourir. D'ailleurs, elle a quitté cette grotte pour succéder à son défunt père Tachi lama. Ce dernier aussi avait prédit l'année de sa mort et même le jour précis lorsqu'il tomba malade, assez incroyable. Nous lui demandons :
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Pourquoi avez-vous choisi cette vie plutôt qu'une autre ?
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Car en vivant cette vie j'évite toutes formes de colères, de conflits ou de jalousie qui m'empêcheraient de rejoindre le paradis.
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Cette rencontre nous donna à chacun matière à réfléchir...

Jangbu Sherpa
Voici notre précieux guide souriant qui nous a fait découvrir les Annapurnas. Etre guide au Népal, ce n’est pas seulement présenter les montagnes et leurs vertigineux sommets. Il négocie les places dans les bus, les chambres des lodges et même les repas.
Pendant la saison, Jangbu est loin de chez lui et arpente les montagnes pendant des mois, souvent à plus de 4000m d’altitude. Grâce à un français qui l’a aidé, alors qu’il était porteur à l’époque, Jangbu a appris le français et le parle bien.
Il ne paie pas de mine mais c’est un infatigable marcheur et nous lui sommes en partie redevable pour notre expérience au Népal.
Son rêve est de gravir l’Everest comme son ancêtre Tensing Norgay Sherpa et il essaiera sous peu.

Pasang Sherpa
Difficile de décrire Pasang. C'est une personne timide et souvent en retrait. Il fût notre porteur pour le trek et c'est une force de la nature à n'en pas douter ! Très gentil, serviable et toujours prêt à rire avec Jangbu, c'est un sacré personnage.
Un grand enfant, père de trois enfants.
Nous n'avons pas souvent été en interaction avec lui, à part lors de parties de Jutpathi où il aimait nous imiter avec des "Olala !", lors de simples "Ca va ?", "Bon appétit !" ou avec de simples sourires.
Il ne sait ni lire ni écrire et souhaite que ses enfants reçoivent une bonne éducation et ne deviennent pas porteurs comme lui.

Pongba (James)
Je rencontre ce jeune homme dans la rue alors que je me balade dans Katmandou, hors de Thamel. Il me salue et se joint à moi dans mes errances, il m’explique que son enseignant lui a demandé de questionner les étrangers sur leur vision du Népal. Il s’ensuit un échange très intéressant car, grâce au film en anglais et à son apprentissage studieux de la langue, il parle bien anglais.
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Que fais-tu dans la vie ? lui demandais-je.
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Je rentre en dernier année de lycée et je voudrais devenir boxeur professionnel.
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Ah bon, il y a des compétitions de boxe au Népal ?
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Non pas trop, je veux aller aux Etats Unis pour boxer, ma sœur est déjà là-bas et pourrait m’aider à m’installer.
Il me questionne beaucoup sur la France, le prix des choses et ce que je fais dans la vie. J’en viens à dire que je sais jouer de la guitare et dans l’instant il va chercher une guitare chez lui et m’invite à en jouer. Il appelle ses amis qui, eux aussi jouent de la guitare et nous passons un agréable moment tous ensemble.
La simplicité déroutante d’une rencontre imprévue.