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Népal
Indonésie

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Himal

        Himal est né et vit à Komodo Island. Il vend tous les jours de l’année sur Pink Beach des colliers de perles et des dragons de Komodo en bois. Il réalise lui-même les dragons pour lesquels il a besoin de 4 jours de travail pour en faire un. Il a appris à sculpter le bois sur Lombok et Bali en regardant et en reproduisant les mêmes gestes que ceux qu’il observait. De temps en temps il va à Labuan Bajo, sur l’ile de Flores, acheter de l’hibiscus pour les tailler. Le gouvernement contrôle dorénavant l’abattage d’hibiscus alors il se fait plus rare d’en avoir. Sa vie est simple et lui plaît. Son approche n’a pas été celle d’un vendeur mais celle d’une personne qui semblait vouloir discuter. Nous avons échangé jonglant entre l’anglais et l’indo pendant plus d’une heure entre rires et sourires, en toute simplicité.

Kadek

        C’est une rencontre un peu hasardeuse que j’ai faite là. A Ubud, je me baladais dans un temple, un peu par hasard, dépourvu de visiteurs quand je tombais sur une répétition de danse balinaise. Je restais un moment les observer et quand ils eurent fini je visitais le temple. C’est à cette occasion que je rencontrais Kadek, un très jeune danseur :

  • Votre représentation est géniale ! dis-je.

  • Oui nous répétons pour une compétition qui aura lieu à Dempasar.

 

En discutant un peu, il m’apprend qu’à Bali il n’existe traditionnellement que quatre noms pour les garçons (Kadek est le nom donné au deuxième fils). S’il y a plus de quatre fils, on recommence la boucle en rajoutant Bali à la fin du nom. Ils étaient, avec son ami, très souriant et amicaux.

Adi

 

      Au début j’ai commencé à écrire un portrait classique d’Adi et je me serais contenté de ce que j’aurais raconté. Puis Adi, autour d’un poisson grillé, s’est confié à Quentin et moi, les larmes aux yeux. Adi a été l’organisateur de notre traversée et pendant 4 jours et 4 nuits, il a veillé sur nous, sourire aux lèvres mais sa vie n’a pas été toujours été aussi belle. Adi, aujourd’hui 28 ans, n’était qu’un adolescent à l’époque. Il avait arrêté l’école et était, depuis 6 mois, à la rue, dormant sous une table. Il passait ses journées, affamé, à regarder passer les voitures et les gens, impassible. Un jour, un touriste allemand descend d’un taxi lourdement chargé. Adi l’a senti à ce moment-là, cette petite voix de la vie qui murmure « Je t’offre une seule chance, saisit là ! » et il s’est levé et a prononcé ces mots :

  • Sir, can I help you ?

 

Il lui a ensuite porté ses bagages jusqu’à un hôtel que le touriste lui avait laissé le soin de choisir. Puis Adi, pendant 1 mois, est revenu chaque matin pour prendre soin de cet homme, lui faisant visiter l’île, lui organisant ses journées. Puis au bout d’un mois, l’homme dit à Adi « Je suis là pour affaire, je veux monter un business. Adi, il me faut une idée ». Au bout de 30 min d’intenses réflexions, pendant lesquelles Adi donne tout, il sait que sa chance est là, il retourne vers l’homme et lui dit :

 

  • On va vous ouvrir un magasin de vestes en cuir ! Il n’en existe qu’un autre ici. 

 

L’allemand fait confiance à Adi, lui confie une somme d’argent colossale et la responsabilité de trouver un fournisseur, un local et tout ce qu’il faut. Adi engage alors son meilleur ami, qui vit sur une autre île où l’on trouve plus facilement du cuir pour travailler avec lui.

L’affaire est lancée, marche à fond et permet à Adi de sortir de la rue et de vivre aisément. Sa vie change alors complètement. Deux ans, plus tard, du jour au lendemain, il arrête tout. Des tensions entre lui et son meilleur ami ont commencé à apparaître. Accordant plus de valeur à leur amitié, Adi et son ami abandonnent l’affaire.

Depuis une dizaine d’années maintenant, Adi travaille sur des bateaux dont il est amoureux. Et cette page est tournée.

Peut-être est-ce parce qu’il a vécu des choses très dures, très jeune et qu’il s’en est sorti qu’Adi arbore l’un des plus grands sourires qu’il m’ait été donné de voir. Et peut-être est-ce aussi pour ça qu’il nous a répété en boucle pendant 4 jours :

 

  • Keep smiling ! Keep smiling ! Oh I love it !

Oyan

        C’est à l’occasion de mon passage dans la belle ville d’Ubud que j’assiste à une danse traditionnelle balinaise. La scène se déroule de nuit dans l’enceinte d’un temple hindouiste, à la lueur de bougies. Les danseurs amoncellent au centre de la place des noix de cocos auxquelles ils mettent le feu. C’est là qu’Oyan intervient. Déguisé en dragon, il marche et tape dans le brasier enflammé faisant voler des éclats rougeoyant tout autour de lui. A la fin de sa représentation je lui demande :

  • Ne ressentez-vous pas la douleur monsieur ?

  • Non, je médite depuis longtemps pour ne plus la sentir.

  • Depuis combien de temps être vous marcheur de feu ?

  • Dix ans, deux fois par semaine.

 

Il est tout sourire et s’amuse de voir les spectateurs stupéfaits devant ses pieds noirs de cendres. C’est une sacrée démonstration du pouvoir de l’esprit sur le corps à laquelle je fus heureux d’assister.

Made

        C’est lors de notre excursion de quatre jours dans le nord-ouest de Bali que nous rencontrons Made. Dans son petit village, au milieu des montagnes et de la jungle, nous nous arrêtons par hasard car aucun guide ne nous a fait mention de Goblek. Alors que nous nous baladons à la recherche d’un petit-déjeuner, elle nous interpelle avec le sourire et nous invite chez elle. Alors qu’elle nous amène un thé et des gâteaux, toute sa famille débarque pour nous voir, armée de sourires amicaux. Elle nous raconte succinctement sa vie, elle qui travaillait dans un restaurant a Lovina jusqu’à ce que son mari décède et qu’elle tombe gravement malade. Depuis elle s’occupe de son neveu Danil, 1 an, et des autres enfants de la famille qui vivent tous dans des maisons mitoyennes. D’ailleurs cette communauté familiale travaille la même parcelle de terre et récolte les clous de girofle que nous voyons sécher sur le toit.

Depuis notre arrivée à Bali, une question nous pendait à la langue alors nous la posons a Made :

  • Pourquoi les indonésiens sont-ils tous si gentils et souriants ?

  • Parce que c’est bon pour nous et pour vous, répond-elle en riant.

 

Il nous semble que ce comportement est la base logique que devrait adopter toute entité sociale, et que Made et les balinais ont naturellement compris.

Riski

   L’ambiance vivante et sincère du « warung » (comprendre boui-boui) où nous mangeons un excellent tempeh et l’accueil que nous ont fait les gens qui y travaillent, nous a encouragé à faire ce portrait. Une jeune mère qui parle anglais nous confirme que cette interview ne pose pas de problème à Riski, la jeune femme de 29 ans. Cependant pendant l’interview, elle ne nous regardera quasiment pas et nous la sentons un peu gênée, intimidée comme si elle avait accepté à contre-cœur, sans que cela ne devienne trop gênant à un moment donné car elle rigole généreusement avec ses collègues.

Quand on la questionne sur sa gêne, on apprend que c’est à la fois parce qu’elle n’a jamais parlé à des non-indonésiens et parce qu’elle est mal-à-l’aise de ne pas pouvoir parler anglais avec nous.

Riski travaille 7h par jours dans ce warung, à cuisiner pour des hommes et des femmes qui passent souvent en coup de vent, de 17h à minuit. Mais elle cumule un deuxième emploi dans un bureau du gouvernement car un seul travail ne lui permettrait pas de vivre.

Quand on parle de ses préférences, même si elle avoue préférer l’ambiance familiale, bruyante et mouvementée du warung, elle répond que c’est son travail au bureau qu’elle privilégie car ce travail lui confère de nombreux avantages comme une assurance.

Voilà une personne qui est à l’image de l’Indonésie, quotidiennement affairée mais toujours souriante.

Karima

     Le garage de Tripoli est, apparemment, le seul endroit où louer des scooters à Banyuwangi. Dur à croire au pied du Mont Ijen mais nous y allons. Une femme est accoudée au comptoir et c'est à elle que nous demandons à louer une de ses machines. Son visage se ferme dans l'ombre de son voile marron quand elle comprend que nous n'avons rien à laisser en caution. Ben part alors à l'hôtel chercher mon ID, avec le scooter, pendant que je sers de garantie. J'essaye d'engager la conversation et ça marche bien plus facilement que son regard ne me le laissait supposer.

 

On en vient à parler de notre trek au Népal et la femme m'avoue, avec maintenant un visage tout à fait amical, adorer marcher en montagne. Je lui demande alors des conseils sur le Mont Ijen. À ma grande surprise, elle n'est jamais allée sur ce volcan auquel sa ville est adossé.  Ni au Rinjani, ni même au Bromo. Je lui demande alors pourquoi ça ?! Ils sont pourtant à sa portée. La réponse heurte un peu le mur de mes certitudes :

  • Je n'ai pas l'autorisation de mon mari.

 

Et elle dit ça sourire aux lèvres. C'est la vie. Elle est résignée et accepte sereinement la vie qu'elle a. Pourtant, mère de 3 jeunes enfants, à 38 ans, elle dispose d'un diplôme en économie et gestion et est de ce fait éduquée. Elle m'apprend aussi qu'elle travaille au garage de son mari parce qu'elle n'a pas sa permission de travailler.

Dire que c'est elle qui, la première (peut-être même la seule ici) a eu l'idée de louer des scooters aux touristes.

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