
Asie du Sud-Est

Nita
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Alors que nous nous apprêtions à rentrer à l'hôtel après avoir mangé au Night Market de Battambang, je craque mentalement pour aller déguster une glace.
Se présente alors devant nous une jeune fille de 13 ans tout sourire derrière sa glacière au bord de la route, qui nous demande si on est français. On répond oui et on lui demande comment elle l'a deviné. Elle nous dit alors qu'elle a choisi d'apprendre le français en plus de l'anglais dans deux écoles différentes. D'ailleurs son anglais est parfait, peu d'accent et aucune hésitation dans les réponses. Elle connait bon nombre de villes françaises et nous parle même des châteaux et vins de Bordeaux. On reste ébahis devant la maturité de son propos.
Elle rêve comme nous de faire un tour du monde même si elle pense que cela va être compliqué. Ses bonnes notes lui permettront peut-être d'aller étudier la médecine en Australie. Elle envisage de devenir docteur avec comme digne envie de « sauver des vies ». Nous lui demandons alors de croire en ses rêves et de ne pas abandonner ses jolis projets.

Sokha
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Lors d’une après-midi tranquille dans Siem Reap, nous cherchions un endroit calme pour nous reposer. Les pagodes sont des lieux parfaits, aérés et éloignés de la circulation et des bruits de la rue. C’est là que s’organise la vie sociale des moines bouddhistes, dont celle de Sokha que nous avons rencontré. Le visage souriant, il s’exprime dans un bon anglais et répond à nos questions sur la vie de moine et sur sa vie personnelle.
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Depuis quand es-tu moine ?
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J’avais dix ans. Vous savez, au Cambodge, quand les familles sont pauvres et que les parents se séparent et n’ont pas assez d’argent pour l’éducation de leurs enfants, certains de leurs enfants deviennent moines.
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Pourquoi apprends-tu l’anglais ? demandons-nous voyant qu’il tient dans sa main un dictionnaire anglais/khmer.
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Au Cambodge, si tu ne parles pas anglais c’est dur de trouver un travail. De plus j’aimerais devenir avocat, c’est mon rêve, nous dit-il avec conviction.
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Alors tu ne comptes pas être moine toute ta vie ? demandons-nous interloqués.
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Non, dès que tu veux quitter l’ordre des moines, tu peux. J’aime mon pays et je veux pouvoir le défendre contre les mauvaises personnes qui exploitent ses richesses et son peuple.
Il nous quitte d’un geste lointain car les moines ne peuvent pas toucher d’autres personnes qui ne sont pas moines. Une belle rencontre inattendue.

Hook
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Petit homme souriant que nous rencontrons au village de sur le plateau des bolovens. Il nous aborde en fumant dans une pipe a tabac en bamboo. C'est lui qui nous fera visiter son village et il nous épate par ses connaissances et sa maîtrise de l'anglais. Son village est très attaché a sa culture, les hommes sont polygames, les filles son mariées a 7 ans et les femmes accouchent dans la forêt. les enfants commencent a fumer a 3 ans pour chasser le mauvais esprit. Bref nous lui demandons comment il peut connaître tant de choses en vivant dans cet environnement.
- Quand j'étais petit, j'étais faignant et je ne voulais pas travailler aux champs. Le gouvernement laotien m'a payé des études et je suis resté en ville pendant 10 ans.
- N'était-ce pas difficile de revenir vivre ici?
- Oui, ça a été compliqué. Les villageois n'aime pas qu'on quitte le village, j'ai été mal vu.
- Comment fais-tu pour continuer à partager la vie de ces gens aux croyances complétements différentes de celles qu'on t'as appris a l'école?
- Vous savez, les gens ici refusent de croire que la Terre est ronde et qu'elle tourne autour du soleil. Ils croient même qu'elle est verte car ils n'ont jamais vu l'océan.
- Essaies-tu de partager ton savoir avec eux?
- Oui j'ai essayé mais même ma famille ne me croit pas. Ils sont si têtus et peu éduqués que j'ai arrêté, en plus je suis encore plus mal vu a cause de ca. Ils ne croient que ce que dit le chaman ou la voyante qui interprètent les rêves qui sont, pour les gens de mon village, des visions du futur.
Malgré un manque criant d'éducation, les connaissances de la faune et de la flore locale permettent à cette ethnie de se soigner sans médicament, de se vêtir sans matière synthétique et bâtir sans acier ou béton. A des siecles de l'évolution mais pas ignorants, les populations du Nord ont beaucoup a apprendre de ces gens là.