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Wwoofer au bout du monde

  • Photo du rédacteur: Au Tour Du Monde
    Au Tour Du Monde
  • 29 août 2018
  • 5 min de lecture

Ça y est ! Je m'y remets et je m'excuse par avance auprès des déçus qui n'avaient plus de nouvelles. Je dois vous avouer que depuis que j'ai quitté mes des compagnons de route, Kévin et Benjamin, je suis tombé dans une forme de léthargie de l'écriture. Sans eux je n'avais plus trop envie d'écrire, ni le temps ou de sujets réellement intéressants à vous partager…

Car après leur départ vers la Nouvelle-Zélande en janvier, je suis de nouveau allé surfer en Indonésie où j'ai pu croiser la route de mon frère pendant deux semaines. Puis, dans un imprévu total je me suis retrouvé en Australie où j'ai pendant six semaines balayé la côte Est à base de surf, kangourous, koalas, serpents et dauphins. Trois semaines en van sur l'île du Nord néo-zélandaise, avec une vitre brisée et le vol de mon sac contenant mon appareil photo et mon portefeuille… Ça arrive même là-bas oui. J’ai eu la joie de retrouver Benjamin et sa copine Anouck pendant quelques jours. Et enfin, je craque. Je réserve. Je pleure. Et arrive à Tahiti mi mai… Trois mois plus tard j'y suis toujours, à Moorea chez de la famille. Oui oui, vous pouvez me traiter de salopard… Mais venons en à l'article, et laissez moi vous raconter mes cinq semaines de wwoofing à Ahe, un des 76 atolls de l'archipel des Tuamotu.


Pour débuter, le wwoofing consiste à travailler 20 à 25 heures par semaines en échange de logement et de nourriture. Là-bas, ce fût 35h. On dort pas à Ahe. J’ai pu travailler dans une ferme perlière. Le lieu magique. La ferme rudimentaire. Nous étions entre quatre et neuf wwoofeurs au gré des départs et des arrivées. Il n'y a plus d'employés mis à part Erika qui vit pas loin. Patrick qui a créé la ferme en 1990 et a connu les grandes heures de la perle, et il a même eu par le passé près de 30 personnes travaillant pour lui. La ferme est donc aujourd'hui en mode survie et les projets de changement fleurissent tous les jours dans sa tête. Elle est construite sur une plateforme récifale dans le lagon, relié par un pont de fortune vers la terre. Les bungalows sont sur le motu (îlot sur le récif séparant le lagon et l'océan). Pour ma part, j'ai dormi sur la ferme dans une petite chambre au dessus de l'eau. Les boulots pouvaient varier, il était possible de travailler la nacre, s'occuper du jardin et du poulailler, nettoyer le motu, faire des paniers pour les nacres, réaliser les tâches ménagères communes… Mais mon but était clair : travailler la nacre.


La ferme


Pour débuter nous avons commencé par relever des stations avec des collecteurs. Vous comprenez rien pas vrai ? Et oui. Mais ici il faut rapidement comprendre et vite s'adapter. En clair, ces stations sont des lignes allant de 100 à 400m où les collecteurs, sorte de guirlandes faites d'ombrière, sont accrochées à la ligne et pendent pour que les nacres viennent s'y installer. Elles sont normalement immergées à cinq mètres de profondeur. Mais la ferme étant quasiment a l'arrêt, elles étaient parfois à 15 voire 20 mètres. Ah, et la nacre est le « coquillage » d'où provient la perle. On ne sait jamais… Relever signifie plonger pour détacher la ligne, qui est à chaque extrémités reliés à des corps morts fixés au fond, puis la monter à bord de la barque. Comment dire… C'était dur. Malgré les relais et les pauses, ces lignes sont un enfer à sortir de l’eau. Pour ceux qui connaissent ma musculature légendaire, vous comprenez bien que mon dos a pris assez cher au début. Les mains aussi malgré les gants. Les jambes également… Car oui en short de bain les coquillages se sont délectés de mon sang O- (c'est pas un smiley mais mon groupe sanguin). Une fois la station sortie de l'eau on la ramène à la ferme et on commence à chercher les nacres, le tout avec la playlist d’Erika et ses chansons d'amour polynésienne.Pour vous expliquer… hum… euh… K-Maro croisé avec Francky Vincent sur des instrumentales à 3 notes électroniques. Dur. Tellement qu'après cela, le collègue Olivier a décidé sur un salto mal maîtrisé de se claquer et s'ouvrir le tympan. Quel acte de bravoure ! Mais bon cinq semaines sans mettre la tête sous l'eau aux Tuamotu… Personnellement vous m'auriez retrouvé pendu dans ma chambre. Oups. Je m'égare. Revenons en à nos nacres. La station vidée de ses nacres est ensuite amené au bord de l'eau où les poissons viennent nettoyer les coquillages restants. Ensuite, nous nettoyons les nacres, en enlevant avec un couteau les algues et coquillages (« pipis ») présents sur la nacre. Puis Erika, la chef des wwoofeurs depuis que le boss Patrick a internet et une tablette, perce les nacres que l'on attachent, en « chapelet » ou « CTN » suivant leur taille, dans un panier pour les protéger des prédateurs. Ces paniers sont ensuite enmenés sur des lignes d'élevage. Étant le seul capable de plonger, j'allais accrocher les paniers sur la ligne entre 3 et 8 mètres de profondeur. Le nœud réalisé permet que les paniers soient facilement retirables en apnée. Après avoir accroché entre 25 et 30 paniers, je devais en sortir autant car les nacres doivent être souvent propres pour pouvoir continuer à grandir. Les jambes, pleines d'acide lactique, me faisaient mal à la remontée des derniers paniers. Mais je ne m'étais jamais senti aussi relaxé sous l'eau, battant mes records d’apnée en profondeur devant la ferme. Même si une fois trois requins gris ont senti le O- sous l'eau. Nous avons également sorti et nettoyé des paniers de nacres greffées. Je n'ai pas vu l'opération de greffe car il n'y en pas eu. Mais elle consiste a insérer dans la nacre un nucléus et un greffon dans la glande sexuelle (gonade) pour obtenir ensuite une perle ronde de culture.


Une station vidée de ses nacres à amener à la machine à laver naturelle


Le travail en lui-même n'était pas si dur mais assez redondant donc fatiguant. Pendant les weekends ou en fin de journée, on a pu également apprendre à ouvrir les noix de coco et produire du lait, découvrir la vie étonnante d'un atoll, jouer a la pétanque au village (on menait 6-0… 7-9, j'ai mal)… Quelques débats philosophiques, jeu de cartes, poker, lecture… J'ai eu la chance de trouver des palmes et une combinaison presque à ma taille me permettant d'aller chasser parmi les requins pointes noires, pointes blanches et gris. J'avais d'ailleurs pour objectif de nager avec le plus de requins en allant là-bas. C'était un rêve, et peut-être le sujet d'un prochain article. À la seule passe de l'atoll j'ai pu voler a coté d'un requin nourrice de 2,50m. Complétement innofensif. Lors d'une escapade et d'une balade en snorkeling seul à la passe, j'ai eu un sacré coup de chaud au cœur en ayant un requin gris au bout de mes palmes. Un peu trop curieux. Ou un peu trop faim. Hélas, le sublime, majestueux et impressionnant requin tigre ne sait jamais montré lors des balades côté océan. Une prochaine fois. Qui sait.


Une flèche, un mort


Cette expérience fût bien sympathique. Quelques rencontres très sympas, d'autres moins. Un merci à Patrick pour l'accueil et un grand « mauruuru » à Erika pour sa gentillesse, sa folie et son savoir faire. 


Quentin



 
 
 

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