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Looper le Laos

  • Benjamin
  • 2 janv. 2018
  • 6 min de lecture

Afin de découvrir les régions au centre du Laos, nous avons fait deux magnifiques boucles en scooter qui sont l’objet de cet article.



La boucle des Bolovens

Commençons par la découverte du plateau des Bolovens. Au départ de Paksé, une ville sans grand charme où nous ne nous attardons pas, la boucle commence ! Nous roulons en ligne droite, prenant garde aux nids de poule (il y a beaucoup de poules au Laos). Les commerçants et artisans sont alignés le long de cette artère. Certains vendent des pastèques sous une cabane en bois, d'autres des brochettes peu avenantes, et les forgerons étalent leurs machettes faites maison sous les yeux ébahis de Kévin.

Les cascades sont au rendez-vous. Toutes plus belles les unes que les autres. La plus magique d'entre elle est certainement Tad Jarou Halang. Dans un cirque de colonnes hexagonales, un rideau blanc se déverse. Son souffle puissant projette des gerbes scintillantes de gouttelettes qui forment un arc-en-ciel irréel. Son cours d’eau se poursuit, entouré d'un tapis de mousse verte, dorées par le soleil, et de fleurs violettes.




Ce petit paradis n'est pas seul au monde, notre dernière cascade s'écoule dans une arène naturelle et il est possible de s’aventurer derrière les cordes d’eau qui tombent violemment. Nous nous baignons, l’eau est claire et rafraîchissante. Le soleil nous offre encore une fois un bel arc-en-ciel. La piste sur laquelle nous roulons est chaotique et fait mal aux fesses. La terre rouge contraste harmonieusement avec le vert de la végétation luxuriante et le gris des nuages menaçants. Le voyage en lui-même est tout aussi incroyable que les arrêts que nous faisons. Le scooter permet d'avoir une réelle indépendance et de moduler notre voyage selon nos envies.





Cependant, plus que des paysages, c’est une nouvelle identité du Laos que nous découvrons. Loin des villes, les plantations de thé et de café (rechute de Quentin) constituent la principale occupation des habitants. Le petit village de Kuta abrite une minorité ethnique très particulière. A des années-lumière de notre culture et de notre conception du monde, les villageois conservent leurs croyances et leur mode de vie. Mr Hook nous fait une visite guidée de son village. Tout d’abord un mot sur les vertus du café. On peut utiliser le marc pour faire de l’engrais. Laisser du marc de café fermenter plusieurs mois dans un sac plastique permet de développer des bactéries, qui une fois mélangées à la terre, donneront des champignons bons pour la santé. Le café en lui-même est bon pour la santé, ce sont les produits chimiques ajoutés par les grandes marques qui le rendent addictif et néfaste. La solution est de moudre ses propres grains de café pour son usage personnel. Il y a tant de chose que les villageois peuvent utiliser dans la nature que tous nos médicaments pour les maladies bénignes semblent inutiles. Par exemple, les fourmis rouges écrasées font un anti-moustique très efficace et peuvent en plus apporter un peu d’acidité à vos salades estivales. Les coutumes de cette minorité sont aussi étranges que déroutantes. Une ancienne légende entraîne, dès l’âge de 3 ans, les enfants à fumer du tabac pour éloigner les mauvais esprits. Les hommes sont polygames et peuvent se marier avec des petites filles de 8 ans. Tous sont persuadés que la terre est plate car ils ne sont jamais déséquilibrés et qu’elle est verte car ils n’ont jamais vu la mer. Lorsqu'un membre d’une famille meurt par accident, toute la famille est obligée de s’exiler deux ans dans la forêt, loin du village afin d’apaiser les esprits. Les femmes ont interdiction d’accoucher dans le village, elles vont dans la forêt. Une fois qu'elles ont leur bébé, elles doivent dire si l'enfant est bon ou non, s’il ne l’est pas, il est tué. Je n'invente pas une histoire à dormir debout, ce village existe vraiment et les touristes ne sont pas forcément les bienvenus. Nous avons fort à réfléchir après cette étape car une communauté si différente de la nôtre nous interpelle forcément.


Sur la suite de notre route, nous visitons une magnanerie (élevage de vers à soie) construite par des français et employant des laotiens. Le but de cette ferme est plus associatif car les propriétaires retirent très peu de bénéfices. Le processus de fabrication des cocons est très intéressant. Dans un premier temps on nourrit les vers à soie avec des feuilles de merisier blanc afin qu’ils tissent leur cocon. Une fois arriver à maturité, on ébouillante les vers dans leur cocon, on récupère la soie et on mange les vers. Les cocons peuvent fournir jusqu’à 1,5km de fil. Pour faire un fil de soie fin et solide, il faut enrouler 15 fils de cocon. Ce fil est ensuite séché et teint et exporté en grandes bobines.




(Petite aparté pour signaler que nous avons assisté à un bain d’éléphants et que nous avons pu les toucher, grand moment.)

Sur le chemin du retour, la plus grande cascade d’Asie du sud-est et une autre cascade très jolie sont sur notre chemin. Nous empruntons un « sentier » à travers la jungle qui relie les deux et nous mène à l’aplomb d’une chute d’eau haute de 120m. Pas de touriste, tout est sauvage, authentique. On fait un peu les courageux en s’approchant du bord mais on ne fait pas les malins non plus. Nous observons une petite rivière, d’apparence sans importance se jeter du haut d’un plateau aux falaises vertigineuses. Pour revenir sur nos pas, plus de jungle, mais un petit voyage en stop à l’arrière d’une fourgonnette. Trop top les Laos ! Au total nous aurons bien roulé 550km en 4 jours, mais ça valait largement le déplacement.

La boucle de Thakhek

Cette petite escapade en deux-roues nous a bien motivés et nous nous préparons à en faire une deuxième, cette fois-ci dans la région de Thakhek. Plus de kilomètres, plus de jours, nous louons les scooters pour cinq jours. A peine parti, le paysage est saisissant, des pains de sucre karstiques aux parois saillantes émergent d’une plaine aride recouverte de rizières asséchées. Région karstique signifie grottes à foison. La première de notre liste est cachée du monde et du tourisme, son entrée est d’ailleurs bien cachée. Toutefois c’est une des plus belles expériences de notre séjour. Une caverne immense abrite un ruisseau limpide qui sort par une entrée démesurée. Dehors le soleil couvre la surface de paillettes qui illuminent l’intérieur de la grotte. Nous escaladons, enjambons et sautons dans cette aire de jeu naturelle. L’air est frais et humide, les concrétions calcaires représentent des sculptures monstrueuses qui font penser à l’antre des enfers.




Nous repartons émerveillés et excités par la suite de l’aventure. Nous laissons derrière nous les camions énormes qui se rendent au Viet Nam et la route devient plus agréable et moins dangereuse. Un vent violent se lève en fin d’après-midi, alors que nous atteignons un plateau désolé, et il nous glacera pendant toute la boucle. Nous faisons une étape agréable au bord d’un lac ayant submergé une forêt, laissant les troncs blancs et morts érigés au milieu de ses eaux. La lumière rasante du soleil donne un aspect tout particulier à ce paysage si singulier.




La soirée s’articule autour d’un feu de camp, barbecue, pétanque (et oui les Laotiens sont trop forts à la pétanque) et d’un petit pastis pour Quentin. Nous serpentons le lendemain entre alternativement la forêt morte et la jungle primaire originelle. Là surviennent nos premiers problèmes mécaniques, bien que la veille le scooter se soit arrêté deux fois pendant que je conduisais (mais ça compte pas ça). Le matin, il ne roule plus, le frein bloque la roue. Un mécano de la Guest house libère la roue, mais le frein arrière n’a plus aucune emprise dessus. Nous roulons sans frein (ne reproduisez pas ça à la maison, c’est pas hyper safe). Nous atteignons prudemment la grotte de Konglor après avoir longé une magnifique et imposante barrière montagneuse sur plus de dix kilomètres.




Durant cette portion de route, le scooter déraille, voilà du nouveau. Kev s’en sort tant bien que mal et il repart les mains pleines de cambouis. A noter que nous rencontrerons à plusieurs reprises d’autres touristes désespérément arrêtés devant des garages au bord de la route. La nuit est fraîche mais le lendemain nous réserve une belle surprise. La grotte de Konglor est un palais dont la nature est le grand architecte. Nous la parcourons en barque, équipés de lampes torches très puissantes. La traversée prend une heure, et oui 7km de grotte ça en fait du chemin ! Large d’une cinquantaine de mètres et pareillement haute, nous sommes stupéfaits de l’existence d’un tel endroit. Seul le moteur de notre barque brise le silence (et quel bruit d’ailleurs…).



Nous entreprenons notre retour par le même chemin (conseils de nos prédécesseurs sur la boucle) et en profitons pour admirer un timide coucher de soleil au-dessus des collines saillantes de la région (même les plantes les plus débrouillardes peinent à pousser sur ces pics aiguisés). D’ailleurs, depuis que nous sommes arrivés je n’ai qu’une envie, c’est d’escalader ces montagnes. Désir satisfait car 15km avant d’arriver à Paksé, un petit refuge pour grimpeur loue du matériel à la journée. Nous faisons les voies les plus faciles avec l’ami Kévin, sans faire les fiers en passant. Les parois anguleuses et saillantes donnent très peu envie de chuter. L’expérience est vraiment super. Nous avons été beaucoup moins en contact avec les populations locales car il y avait beaucoup de choses à voir et beaucoup de kilomètres à parcourir.


Des deux boucles, j’ai préféré celle de Thakhek à la différence de mes deux amis. Cependant nous sommes d’accord sur un point, les deux sont très belles et méritent le détour.




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