Les richesses indonésiennes
- Benjamin
- 30 nov. 2017
- 6 min de lecture
Quand on nous parlait de Bali, Lombok ou encore Java, les plages paradisiaques aux vagues mythiques s’agitaient dans nos esprits. Mais l’Indonésie regorge d’une culture très riche et d’habitants aux sourires enchanteurs qui nous ont profondément marqués.
Je commencerai par vous parler des indonésiens, dont la gentillesse égale celle des népalais. Toutefois, ils sont plus avenants et curieux. Où que nous soyons allés nous avons été accueillis en ami et sans aucun préjugé. Les rencontres ne sont pas en manque dans notre aventure indonésienne car ce peuple est naturellement aimable (en particulier les balinais), exception faite des commerçants travaillant avec les touristes dans des lieux de forte affluence. L’argent change la mentalité des gens et fait des ravages partout où il peut sévir. Enfin, tous nous ont aidés quand nous en avions besoin, avec le sourire, ou offert leur hospitalité (et des mangues aussi !). C’est un réel plaisir de les côtoyer au quotidien.
Pour donner quelques exemples de leur gentillesse, je parlerai de deux petites expériences.
La première se déroule lors d’une excursion dans la campagne balinaise alors que nous nous baladons dans un village à l’écart des circuits touristiques. Nous sommes invités pour le petit-déjeuner par une famille de paysans qui cultive le clou de girofle. Toute la famille vient nous voir et nous accueille à bras ouvert, ils laissent même Kévin étaler les clous de girofle au râteau afin de les faire sécher au soleil.
La deuxième histoire m’est personnelle car c’était un soir où je mangeais seul à Yogyakarta. Je m’assois dans le premier warung que je vois dans la rue, rempli d’Indonésien dînant sur une table de bois installée le long de la route. Un petit vieux s’assoit à côté de moi et nous entamons une conversation compliquée car il ne parle pas anglais et je ne parle pas indonésien. Malgré cela nous arrivons à nous comprendre, un peu grâce à la gestuelle. Quand il quitte la table, il me salue et en m’adressant des dernières paroles que je ne comprends pas. Je fini mon thé et me lève pour régler ma note. J’apprends que le papy en question m’a invité. Cet acte tout simple, spontané et naturel me donne encore beaucoup à réfléchir sur le lien social et sur le fonctionnement de nos sociétés, notamment sur la notion de donner sans attendre de retour mais parce que cela nous fait plaisir.
L’Indonésie est un si grand pays qu’un large panel culturel est inévitable. Dans les îles de Lombok et Bali, nous rencontrons une population majoritairement hindouiste alors que sur l’île de Java les indonésiens sont principalement musulmans. Lors de mon séjour à Ubud, je suis pleinement immergé dans la culture balinaise, d’autant plus que c’est une période de fête hindouiste. Je vogue au milieu des rizières et des temples sacrés. Je m’arrête au Pura Tirta Empul, bassin que des fontaines d’eau sacrée alimentent. Cette eau est à l’origine de pèlerinages qu’entreprennent les indonésiens dans tout le pays. La cérémonie célébrée en ce jour se nomme Galungan et n’a lieu qu’une fois tous les sept mois du calendrier balinais (35 jours par mois). Elle rassemble les membres d’une même communauté dans les temples sacrés hindouistes (j’y assiste au Rocky Temple). L’ambiance est aux prières, aux danses traditionnelles et au festin. Tous les âges sont représentés, habillés d’un sarong, d’une coiffe blanche pour les hommes et d’un tissu coloré pour les femmes.

Enfant lors de la cérémonie au Rocky Temple
Chaque petit village a son temple, si bien qu’il me semble en voir de partout. De nombreuses maisons présentent souvent des similitudes ce qui donne aux rues un caractère particulier.
Le soir j’assiste à une danse balinaise. Le spectacle a lieu dans un temple à ciel ouvert faiblement éclairé par des bougies. Des hommes, chanteurs, narrateurs et éléments de décor, sont torses nus forment trois cercles concentriques autour de la scène. Les danseurs principaux sont richement déguisés et leur danse est basée en grande partie sur des mouvements précis des mains et des doigts. Le chœur qui chante une mélodie saccadée et énergétique endiable l’atmosphère. En conclusion de ce spectacle, un marcheur de feu nous fait une démonstration de ses incroyables facultés et plonge ses pieds nus dans la cendre ardente.

Danses balinaises au clair de lune à Ubud
Notre dernière étape culturelle a lieu à Yogyakarta et se concentre sur les deux principaux et magnifiques temples : celui de Prambanan et celui de Borobudur tout deux édifiés au 9ème siècle et inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Le site de Borobudur est le plus grand centre dédié au Bouddhisme d’Asie. Il se compose d’une base rectangulaire sur laquelle repose quatre autres étages. A chaque niveau sont gravées sur les murs des scènes de vie quotidiennes, des danses, des chasses et des rites traditionnels de l’époque. Les trois derniers étages sont quant à eux circulaires et parsemés de nombreuses stupas abritant des statues de Bouddha. Le monument domine la jungle et les montagnes alentours.

Stupas à Borobudur
A 17 km de Yogyakarta, l’ensemble des temples, dont le principal est Prambanan, est cette fois un lieu de culte majoritairement hindouiste (le temple de Sewu qui se situe à une centaine de mètres de Prambanan est un temple bouddhiste, ce qui montre au passage la tolérance culturelle et religieuse de ce peuple dont les civilisations actuelles devraient s’inspirer). Les temples de Prambanan, construits en pierres noires, sont élancés vers le ciel comme des flèches et ornées de gravures toutes aussi sublimes que celles de Borobudur. Les temples sont symétriques et quatre escaliers mènent à quatre salles où sont entreposées des statues de divinité. Cela fait plus de 1000 ans que ces temples résistent aux tremblements de terre et aux éruptions du Mérapi. Une belle démonstration de longévité.

Temple de Sewu (sur le site de Prambanan)
La culture indonésienne témoigne de l’ancienneté de ce pays ainsi que de ses habitants qui, pour la partie rurale, conservent un mode de vie très simple. En me baladant dans les rizières d’Ubud, de Munduk et de Pacitan (celles qui ne sont pas mentionnées sur les guides), je trouve des paysans coiffés de chapeaux chinois qui sèment les plants de riz et s’occupent de leurs champs. Les rizières de Pacitan sont arrangées en terrasses et donnent sur une côte sauvage magnifique, puis l’océan. Aucun tracteur n’est utilisé, seulement la faux et une roue à labourer et quelque fois un bœuf de trait les aide à avancer dans la vase.

Rizières à Pacitan, au bord de l'océan.
Plus près des côtes, les pécheurs entassent leurs bateaux bleus sur les plages. Des filets en pagaille, des casiers à homard, des lignes pour les calamars et bien d’autres accessoires leurs servent quotidiennement à ramener le poisson frais de l’océan. Je rencontre beaucoup de pécheurs à la ligne qui se succèdent sur les falaises de Watu Karung pour attraper des bagus et même certains pêchent à pied lors de la marée basse, seulement équipés d’un filet lesté de plombs.

Pécheurs de bagus à Watu Karung.
La nature procure des denrées en abondance, surtout des fruits comme la mangue que nous cueillons à l’état sauvage. Toutes les denrées citées ci-dessus finissent bien évidement dans nos assiettes, partie importante de notre voyage qui fera l’objet d’un prochain article.
Je terminerai en parlant des somptueux paysages qui nous ont éblouis. Des plages de sable blond et fin, des coraux multicolores constellés de poissons d’un autre monde et de gracieuses tortues. Des rivages sauvages de Pacitan aux îles Gili, nous avons été incroyablement gâtés. Les jungles qui s’avancent jusqu’à l’océan ajoutent un charme tout particulier à ce décor, tout comme les rizières en terrasses qui recouvrent les collines. Il ne faut en aucun cas omettre ces couchers de soleil brûlants dont seules les eaux du Pacifique ont le secret. Nous avons une affection particulière pour ces vagues aux courbures parfaites que nous avons surfées à Lombok, Bali et Pacitan et admirées à Uluwatu. Le dernier élément qui manque à ce tableau enchanteur est le mont Rinjani. La randonnée remonte les parois de ce volcan culminant à 3726 mètres d’altitude et offre une vue imprenable sur l’intérieur du cratère où se cache un cratère plus petit dont les racines baignent dans un lac bleu. Malheureusement, un deuxième constat s’ajoute à celui-là. A Pacitan, nous avons surfé dans une eau sale et en ramant nous ramassions des sacs plastiques tout comme sur le corail de l’île Gili Meno et de Pemuteran, dont une grande partie est morte. Lors de notre ascension au mont Rinjani, nous avons constaté les mêmes travers que nous avions relevés au Népal. Sur l’île de Lombok, un circuit automobile est en train de se construire et ravage le visage de l’île par endroit. Lorsque nous survolions l’Indonésie, nous avons pu constater l’immensité des plantations de palmiers destinés à produire l’huile de palme. Quand je dis immense, c’est à perte de vue qu’il y en a et ils remplacent la jungle primaire si importante pour la planète. Les indonésiens font les mêmes erreurs que les pays développés ont faites il y a trente ans, mais à une vitesse affolante qui détruit leur patrimoine naturel de manière irréversible.

Vagues sur une plage déserte à Watu Karung.
Nous laissons ce pays merveilleux et son peuple souriant derrière nous, un peu à regret, mais la vie est longue et nous y reviendrons, c’est sûr.
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