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Paysage scolaire

  • Kinou
  • 17 nov. 2017
  • 4 min de lecture

Celui qui ouvre une porte d'école ferme une prison - Victor Hugo


Juste avant d'entrer à Pemuteran, où nous devons rendre notre scooter, nous passons devant une école primaire où des dizaines d'enfants s'amusent. C'est l'heure de la récréation ! Nous nous étions déjà dis quelques écoles plus tôt "Faudrait qu'on passe dans une école quand-même !".

Celle-ci n'a rien de plus (ni de moins) que les autres écoles mais elle nous inspire. Nous faisons demi-tour et nous nous plantons devant la massive arche de pierre qui en marque l'entrée. Aussitôt nous sommes entourés d'enfants en uniforme, short rouge et chemise blanche (les couleurs du drapeau indonésien). Tout autour de nous fusent les "Selamat Pagi" et les "Hello" lancés joyeusement dans une anarchie totale. Nous essayons, en pure perte, de répondre à chaque salutation et effort encore plus vain, nous tâchons de nous faire comprendre des enfants qui nous entendent sans nous écouter.


- Il y a un professeur ici ? Ada pelajar sini ?


Les enfants nous regardent, amusés. Nous les faisons beaucoup rire et c'est déjà une manière d'engager un échange.



Nous sommes l'attraction du jour !



Un professeur un peu âgé, probablement attiré par le tapage et la cacophonie de poulailler vient vers nous. Nous lui expliquons alors, jonglant entre l'indonésien et l'anglais, qui nous sommes, d'où nous venons, ce que nous avons entrepris et surtout que nous sommes suivis par deux groupes d'enfants en France qui ont à peu près l’âge des élèves qui nous encerclent. Puis on en vient à notre demande :


- Nous aimerions assister à l'un de vos cours, prendre des photos des enfants et de la classe pour les petits carryens et saussetois, et pourquoi pas, passer nous aussi au tableau pour échanger avec eux, nous présenter et leur faire cours nous aussi.


Ravi de nous avoir, l'homme accepte et moins d'une minute plus tard, nous sommes devant plus d'une vingtaine de paires d'yeux qui nous écoutent balancer nos phrases maladroites en Indonésien. Derrière chacun des pupitres en bois à casier, comme nous avions nous-même en primaire, se trouvent deux enfants assis sur un banc de bois. La salle est un peu différente de nos salles françaises. On y trouve par exemple une table de ping-pong, sans filet, dans le fond. Des portraits, de leur président et de son premier ministre, placés au-dessus du tableau blanc, face aux enfants, surveillent le bon déroulement de chaque cours. Il y a même un petit autel à offrande à gauche du tableau, sous une photo de Shiva, la déesse hindouiste reconnaissable à sa peau bleue et ses 4 bras. À l'exception de ces excentricités, c'est une salle de classe tout à fait normale avec de nombreuses affiches à visées pédagogiques et même une maquette du système solaire.



Vue d'ensemble de la classe.



Grâce à la balle de mousse à l'effigie de notre planète, et à la mappe monde que l'instituteur dégaine rapidement, nous leur montrons concrètement, circulant entre les rangées où se trouve la France et l'Indonésie. Après cela, nous nous installons comme eux sur les bancs de l'école pour suivre le cours de mathématiques de la matinée. Au programme, les calculs de vitesse, de temps de déplacement et de distance. Quand le professeur est distrait, on ne peut s'empêcher de souffler les réponses aux petites filles assises devant nous ou de faire des passes avec ma balle aux enfants qui osent nous le demander. Malgré une certaine timidité qui parfois les fait s'arrêter de sourire et tourner la tête quand nous croisons leur regard (pour mieux rigoler avec leur voisin), nous les sentons bien plus intéressés par nous que par ce que le professeur raconte. Mais malgré notre présence et l'agitation qu'elle génère, les enfants, studieux, suivront la leçon avec une attention et un sérieux auquel je ne m'attendais pas.



La parole sacrée de l'instituteur est écoutée attentivement.



Moi qui pensais en avoir fini avec les études et les bancs de la fac, voilà que je me retrouve un beau matin assis sur les bancs d'une école primaire en Indonésie. L'image me fait bien rire. Presque autant que de voir Ben au tableau poser ses propres problèmes - à base de Paris-Bali à faire en 10h - aux jeunes élèves. Le professeur s'excuse pour nous dire que ses petits "ne sont pas très intelligents et que les mathématiques sont quelque chose de dur pour eux". Nous le rassurons rapidement pour lui dire qu'en France c'est à peu près la même chose et que je suis moi-même très mauvais avec les chiffres.



Puis vint mon tour d'enseigner. Pour moi, ce sera un cours de français. Je connais la base de l'indonésien et je peux donc leurs apprendre nos équivalents. Très attentifs à ce que je dis et à ce que j'écris, je les vois s'appliquer à noter les mots dont j'ai couvert, au feutre bleu, une partie du tableau blanc. C'est un grand plaisir de les entendre répéter, à chaque fois avec une intonation et un accent différent, ce que je tente de leur faire dire. Dur pour eux, mais très drôle pour moi, d'écouter leurs "Merci beaucoup". Tellement dur - les "c" se prononcent "tch" en indonésien par exemple - que l'instituteur réécrit phonétiquement les mots à côté des miens.


Après avoir passé plus d'une heure dans cette salle de classe en si enjouée compagnie, c'est malheureusement le temps pour nous de partir. Nous faisons nos adieux à l'instituteur et aux enfants que certains parents attendent déjà à la sortie. J'aurais bien aimé rester pour entendre les gamins dire à leur père ou leur mère, le "Je peux parler français" par lequel je viens de terminer ma leçon !



Ça ne sera pas pour cette fois. Mais nous commençons déjà à réfléchir à l'idée de reproduire l'expérience et aux supports qu'il nous faudrait avoir pour la rendre encore meilleure pour nous et les enfants.


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