Trek #2 : De la vallée du Thorong La à Nayapul

Le lendemain matin le corps a réussi à bien récupérer de la veille malgré les efforts consentis lors de la montée vers le Lac Tilicho. Nous repartons de Shree Kharka (4080m) et arrivons après une heure et demie de marche à un col qui offre un superbe point de vue sur la vallée de Manang, sur celle du Tilicho et celle qui nous attend, la vallée de Thorong La. Ce croisement de vallée forme une patte d’oie après Manang. Nous arrivons à Yak Kharka (4050m) après 3h30 de marche.

Après une nuit bien fraîche, nous partons pour une grosse journée vers le High Camp de Thorong La (4925m). Nous apercevons enfin des yacks et des nacks en grande quantité le long du sentier. Nous avançons tranquillement au milieu d’un pierrier où ils arrivent parfois que des pierres se décrochent et déboulent. Nous arrivons à Thorong Phedi (4450m), premier point de départ pour le col, où nous mangeons et nous acclimatons pendant près de 3h. Nous prenons par la suite très vite du dénivelé, en 1h seulement sur un chemin très abrupte qui serpente jusqu’au High Camp. Nous nous posons une petite heure avant de monter à un pic au-dessus du camp pour nous acclimater. Nous approchons des 5000m, ou peut-être que nous y sommes, dur à dire. La vue sur la vallée du Thorong La est incroyable, le panorama sur les Annapurnas et le Gangapurna magique. Demain c’est le grand jour, Le Thorong La Pass (5416m), alors on se couche tôt, vêtu de nos polaires et collants dans nos duvets car la nuit s’annonce froide et courte.

La vue sur le High Camp du Thorong La depuis le pic qui le surplombe

Petit déjeuner à 3h45, on engloutit nos pancakes et autres toasts et muesli accompagnés de nos thés sans sourciller. Nous partons dans le noir le plus total avec nos lampes frontales à 4h15. Dès les premières pentes le groupe éclate comme au Tilicho. Kévin en tête avec Pasang, Benjamin au milieu, Jangbu et moi en queue. Il fait froid, j’ai le visage quasi glacé par un petit vent de face, mon nez se met vite à couler (pour la première fois du trek). Les pauses sont courtes car il ne faut pas s’éterniser lorsque l’on marche à cette altitude. Les goulots des deux bouteilles d’eau que je transporte ont gelés. Un glaçon commence même à se former à l’intérieur de celles-ci. Au bout d’1h30 de marche le jour se lève doucement et les montagnes se dessinent devant le bleu foncé du ciel. J’éteins ma lampe torche. Le paysage est lunaire. Mes pas sont de plus en plus lents. Mon souffle est court, l’oxygène manque. La fin est plus simple car plus plate. J’arrive au col à 6h45 après deux heures de montée. Nous sommes montés chacun à notre rythme. Le spectacle est moins séduisant qu’au Tilicho, nous sommes entourés par deux jolies sommets : le Thorong Peak (6144m) et le Yakawa Kang (6482m). Nous buvons un thé et mangeons du chocolat que l’on s’était promis de déguster au col. La journée n’est pas finie, nous descendons vers Muktinath (3800m) pendant plus de 3h30… In-ter-mi-na-ble. Ensuite nous partons pendant 1h en jeep vers Jomsom (2865m). Nous nous couchons après 6h de marche et beaucoup de dénivelé avalé mais surtout descendu dans la journée.

La photo de la victoire : le Thorong La est vaincu

Nous quittons Jomsom en bus vers Tatopani (1190m). Pendant 6h nous longeons la Kali Gandaki. La diversité des paysages est affolante. Ils ressemblent d’abord à un désert sec avec des oasis par endroit dans les villages, nous sommes dans le région du Mustang, puis beaucoup aux Alpes, et enfin nous nous retrouvons à nouveau dans une jungle humide où poussent bananes et oranges… A Tatopani nous profitons encore de sources chaudes et de quelques Everest Beer bien fraîches. Le bus aussi cela fatigue au Népal.

Bouchons à Jomsom

Nous partons le lendemain vers Sikha (1935m). La destination finale aurait dû être Ghorepani mais nous allons le faire en deux jours car nous avons gagné une journée à Tilicho. Il fait déjà chaud à 8h quand nous quittons Tatopani. Nous remontons une vallée très verte pendant 4h, et arrivons donc à Sikha à midi. Le 14 octobre nous marchons vers Ghorepani. La journée ressemble fortement à celle de la veille : vallée et marches, beaucoup de marches. 4h plus tard nous arrivons à Ghorepani d’où nous pouvons admirer l’Annapurna South (7219m) depuis nos lits. Nous découvrons un superbe playground de basketball sous notre hôtel. On ne se fait pas prier avec Benjamin pour aller caresser la balle orange et jouer avec des népalais malgré la marche du matin.

Nous laissons les sacs à l’hôtel et montons à 5h du matin à Poon Hill (3218m) d’où la vue sur le Dhaulagiri (8167m), l’Annapurna South et le Machapuchare (« Fishtail » – 6993m) devrait être sublime. Il y a beaucoup de monde car monter à Poon Hill est très connu, et un trek de 3 jours seulement le permet. Les nuages sont hélas au rendez-vous mais ils se dissipent au bout de 30 minutes et laisse la lumière du soleil levant toucher les sommets sous nos yeux. Nous restons un peu puis redescendons prendre le petit déjeuner à l’hôtel avant de repartir vers Hile (1450m). Nous croisons beaucoup de gens qui montent vers Ghorepani pour aller à Poon Hill. La descente est longue et nous casse les genoux, mollets et cuisses.

L'Annapurna South et ses 7219m

Le 16 octobre après 16 jours autour des Annapurnas dont 13 de randonnée nous arrivons à Nayapul (1050m) après de 2h de marche dans la matinée, le trek est fini. Nous montons dans un bus vers Pokhara.

Au final le trek est passé assez vite. Nous ne nous attendions pas à cette diversité que les paysages nous ont offert. Nous pensions également plus souffrir par manque d’expérience en terme de marche en montagne, mais aussi avec l’altitude. Il n’en fût rien. L’acclimatation permet au cerveau et aux muscles de s’adapter rapidement. La sympathie des népalais et la beauté de l’Himalaya nous ont donné envie d’en refaire un, mais moins touristique. Nous quittons le Népal avec de jolies souvenirs de ce trek et tenons à sincèrement remercier Jangbu, notre guide, et Pasang, notre porteur.